mardi 15 mars 2011

Carnets de campagne (6) - La haine et l'espoir

Décidément, les rencontres avec les habitants du 5e canton réservent des surprises. Je ne peux les raconter toutes, cela serait trop long mais chaque jour en réserve quelques unes.

Ce soir, nous sommes passé du pire au meilleur.Le pire c'est la rencontre avec un habitant, se réclamant ouvertement des idées du FN, et les menaces qu'il a proférées à notre encontre. Très énervé, ce monsieur, après avoir refusé d'ouvrir sa porte, ce qui peut se comprendre, est ressorti de son appartement en nous insultant, accusant la gauche d'avoir livré le pays aux étrangers... Je ne préfère pas tout retranscrire. Puis il a refermé sa porte. Alors que nous engagions la conversation avec sa voisine, il est à nouveau sorti, nous hurlant de partir et nous disant qu'on allait finir par prendre un coup de fusil. L'histoire s'est arrêtée là, mais elle n'est pas anodine.

D'abord, on voit bien que le débat démocratique et serein, n'est toujours pas du goût de l'extrême droite. Mais cela n'est pas très nouveau. Ce qui choque, c'est la façon dont ces gens affichent leurs discours de haine, leurs propos xénophobes, racistes... Le discours ambiant des hommes politiques de droite, la focalisation des médias sur le FN, ne sont pas sains. Ils ne règlent pas le problème, ils l'alimentent. La gauche, et notamment le front de gauche, ne doivent rien laisser passer, même pas dans les mots. Mais il ne suffit pas de constater, de commenter, de s'effrayer.Les problèmes sociaux, de chômage, de logement, de pouvoir d'achat...sont le terreau sur lequel prospèrent les idées d'extrême-droite. Comme toujours. Si l'on regagner la confiance des citoyens, ce sont ces problèmes qu'il faudra résoudre. Et l'on ne pourra pas faire dans le moins pire, la demi-mesure. La gauche ne doit plus décevoir.

Si cet épisode ne fût pas très agréable, il reste quand même une exception parmi toutes les rencontres que nous avons pu faire. La plupart du temps, les portes s'ouvrent et la discussion citoyenne s'engage.
C'est ce qu'il s'est passé dans l'immeuble d'à côté où nous avons pu échanger avec un jeune homme, engagé déjà dans la vie syndicale, qui ne supporte plus la casse opérée dans l'éducation nationale, qui est consterné par le racisme et qui espère une politique de gauche radicale. Nous avons échangé nos mails. J'espère que nous pourrons lutter, réfléchir et travailler ensemble. Cela donne de l'espoir.